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Comment les changements climatiques et les initiatives de résilience et d’adaptation influent-ils sur les opérations et les fonctions des gardes côtières : Forum des gardes côtières de l’Atlantique nord, Sommet de 2023

Du 16 au 19 octobre 2023
Helsinki, Finlande
Coordonné par le Canada avec la participation des membres du NACGF

Table des matières

Introduction

Au cours des 170 dernières années, les activités humaines ont provoqué des changements importants dans le fonctionnement naturel de la planète. Nos activités, principalement par l’émission de gaz à effet de serre (GES) tels que le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux, ont entraîné le réchauffement climatique. Ce phénomène se manifeste particulièrement dans l’Arctique, où les températures moyennes ont augmenté de près de 4 °C depuis 1850.Note de bas de page 1 Malgré les efforts et les accords internationaux, les émissions de GES continuent d’augmenter.

De nombreux pays considèrent l’Accord de Paris comme le plus important traité international juridiquement contraignant en matière de changement climatique. L’Accord de Paris engage ses signataires à maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels ».Note de bas de page 2 En réponse à cet accord et au consensus international des scientifiques sur la gravité de cette menace, plusieurs pays ont adopté des objectifs de carboneutralité d’ici 2050 (ou avant) pour ralentir les effets du changement climatique. De nombreux pays ont également exploré des solutions d’adaptation pour lutter contre les défis déjà posés par le changement climatique.

Les changements climatiques ont des répercussions sur nous tous, peu importe notre culture ou notre emplacement géographique, bien que certains soient plus durement touchés, comme les collectivités côtières vulnérables. Il s’agit d’un défi à facettes multiples, qui perturbe de nombreux aspects des opérations des gardes côtières. Ce document vise à susciter un dialogue international sur les solutions aux changements climatiques entre les membres du Forum des gardes côtières de l’Atlantique nord (NACGF, l’acronyme du nom en anglais) comme moyen d’échanger de l’information et des pratiques exemplaires pour nous soutenir mutuellement dans nos efforts. Les réflexions communiquées dans ce document thématique représentent un moment dans le temps; nous reconnaissons que les réalités du changement climatique continueront d’évoluer.

Le défi climatique

Le changement climatique pose de multiples défis aux pays membres du NACGF. Voici les points à prendre en considération :

  1. les effets des changements climatiques sur les opérations et les fonctions;
  2. les effets secondaires des initiatives de résilience;
  3. l’appel à écologiser nos propres opérations en tant que gardes côtières.

Effets des changements climatiques

Les changements climatiques touchent directement et indirectementNote de bas de page 3 les opérations des gardes côtières dans l’Atlantique Nord. Des événements météorologiques et catastrophiques plus fréquents, graves et imprévisibles posent des défis opérationnels à de nombreux programmes et services de garde côtière. L’ouragan Fiona, qui a frappé l’est du Canada en 2022 et qui est devenu la tempête tropicale la plus coûteuse et la plus intense jamais enregistrée au Canada, en est un exemple récent. De nombreux Canadiens ont également été gravement touchés par la saison des feux de forêt de 2023, la pire de l’histoire du Canada. Chacun de ces événements catastrophiques a nécessité une intervention de la Garde côtière canadienne. Pour réagir à de telles catastrophes, les gardes côtières doivent souvent prendre des décisions difficiles et faire des compromis entre la prestation des services essentiels qu’ils sont censés fournir dans le cadre de leur mandat et la réponse à l’appel urgent de crises humanitaires.

De nombreuses gardes côtières font face à une demande croissante d’intervention à la suite d’incidents sur l’eau et dans les airs, comme les opérations de recherche et sauvetage maritimes et d’intervention environnementale, avec des ressources et du personnel limités. Les événements météorologiques extrêmes entraînent également des difficultés pour les missions d’application de la loi, car il devient plus difficile d’effectuer des inspections à bord des navires ou des aéronefs et d’assurer la conformité avec moins de jours de mer et de vol disponibles. L’élévation du niveau de la mer et les ondes de tempête présentent des risques plus élevés pour les infrastructures côtières essentielles, ce qui oblige la mise en œuvre de stratégies d’adaptation pour protéger les infrastructures existantes dans les zones à risque élevé, le déplacement des actifs loin des rives vulnérables, et l’aménagement de nouvelles infrastructures loin des zones à risque élevé.Note de bas de page 4 De nombreuses gardes côtières sont également confrontées à la difficulté de maintenir les systèmes de transport maritime lors d’événements météorologiques extrêmes, au cours desquels les aides à la navigation peuvent être déplacées, comme lors de l’ouragan Ian qui a sévèrement touché les États-Unis en 2022.

La fonte des glaces de mer et l’ouverture de nouvelles routes de navigation dans l’Arctique ont commencé à générer une présence accrue de navires commerciaux et d’embarcations de plaisance dans l’Arctique, créant de nouvelles demandes pour les opérations de garde côtière. Les défis actuels et futurs comprennent le risque accru d’incidents dans un environnement maritime vaste et complexe ainsi que la nécessité de surveiller de nouveaux itinéraires pour la contrebande et pour les activités de pêche illégales, non déclarées et non réglementées. Pour relever ces défis, il faudra de nouveaux moyens, tels que des aéronefs et des brise-glaces polaires, afin de passer d’une présence saisonnière à une présence tout au long de l’année dans l’Arctique. L’imprévisibilité croissante de la neige et de la glace de mer rend plus dangereux les déplacements sur des routes semi-permanentes à travers la glace de mer.

On constate un écart des savoirs grandissant entre l’environnement physique de l’Arctique qui est en train de changer et ce qui est cartographié. Les changements dans l’Arctique attribuables au dégel du pergélisol et à la fonte de la glace de mer auront des répercussions importantes sur les gardes côtières, car de plus en plus de navires pénètrent dans les eaux arctiques. L’élargissement de l’accès à l’Arctique crée également de nouvelles possibilités de développement économique dans des régions où la souveraineté affirmée d’un pays peut être contestée. Les défis climatiques ont engendré une migration mondiale, amenant les migrants à échapper à des difficultés économiques et physiques et à se relocaliser dans des régions plus hospitalières et équitables. L’augmentation de ces mouvements entraînera une demande accrue de surveillance, d’intervention en cas d’incident et d’activités d’application de la part des gardes côtières des pays membres du NACGF.

L’évolution de la biodiversité des océans et de l’habitat du poisson entraîne un besoin accru de protéger les fonds marins et les zones sensibles, en particulier avec l’établissement et l’expansion des aires marines protégées.Note de bas de page 5 Cela peut avoir un effet sur les itinéraires de transport maritime, obligeant les navigateurs à opérer dans des environnements peu familiers, modifiant ainsi les opérations d’intervention en cas d’incident. Les changements dans la répartition des espèces causés par les changements climatiques ont également une incidence sur le moment et l’endroit où les pêcheurs peuvent pêcher, ce qui exerce une pression sur l’industrie de la pêche. Les pêcheurs peuvent avoir moins d’occasions de gagner leur vie, ce qui les amène à prendre de plus grands risques pour maximiser les jours de mer disponibles. Cela pourrait entraîner une augmentation des événements de recherche et de sauvetage, ainsi que des conflits entre les organismes de réglementation de la pêche et les pêcheurs qui tentent d’opérer illégalement.

Les gardes côtières de la région de l’Atlantique Nord notent l’effet des changements saisonniers. Des saisons plus longues d’eau libre en raison de la fonte de la glace de mer plus tôt et du gel plus tard exercent une pression sur les ressources opérationnelles et la capacité du personnel. Bien que la glace de l’Arctique soit en train de fondre, cela peut faire des ravages plus au sud, car les gardes côtières doivent composer avec des glaces pluriannuelles et des conditions changeantes, ce qui entraîne un besoin accru de déglaçage dans les ports et les voies navigables du sud. Il devient impossible d’utiliser les données historiques lorsque de nouvelles conditions climatiques apparaissent. Les principaux actifs, comme les brise-glaces, sont exploités pendant de plus longues périodes, ce qui signifie des périodes plus courtes pour leur entretien, tandis que les stations saisonnières de recherche et de sauvetage sont poussées à ouvrir plus tôt et à rester opérationnelles plus tard dans l’année. Ces exemples démontrent que les répercussions des changements climatiques poseront d’importants défis aux gardes côtières de l’Atlantique Nord pour les décennies à venir.

Effets secondaires des initiatives de résilience et de protection de l’environnement sur les opérations des gardes côtières

En réponse au changement climatique, les gouvernements et les organisations du monde entier mettent en œuvre des solutions plus respectueuses de l’environnement, notamment la transition vers des sources d’énergie plus propres, l’augmentation de la protection des habitats et des espèces sensibles, et l’utilisation de nouvelles technologies pour rationaliser les processus et réduire les émissions. Malgré l’importance et la nécessité de ces solutions, il est indéniable qu’elles auront des répercussions sur les opérations quotidiennes des gardes côtières dans l’Atlantique Nord.

Les nouveaux types de combustibles et les nouvelles sources d’énergie électrique sont de plus en plus populaires, mais ils posent également des défis pour les opérations d’intervention. Par exemple, répondre à des rejets de combustibles hybrides ou de gaz naturel liquéfié nécessitera de nouvelles techniques et stratégies. Les navires à propulsion nucléaire ayant besoin d’aide, en particulier dans les hautes latitudes, créent une nouvelle dimension complexe pour les opérations de recherche et de sauvetage et les interventions sur les navires abandonnés. Les gardes côtières pourraient être appelées à intervenir en cas d’urgences radiologiques dans l’Arctique, qui sont complexes et difficiles, et qui exigent la collaboration des différents responsables des interventions d’urgence dans les États arctiques, ainsi que de la formation et des ressources spécialisées. Les gardes côtières peuvent également être appelées à intervenir en cas d’incendie à bord de traversiers transportant des véhicules électriques, ce qui nécessitera une approche différente pour l’intervention et le sauvetage des navires. Les navires autonomes, bien que souvent considérés comme plus écologiques que les navires traditionnels parce qu’ils réduisent l’inefficacité et utilisent souvent des carburants à faibles émissions ou à zéro émission, présentent de nouveaux risques pour la recherche et le sauvetage et l’intervention générale sur l’eau. Lorsque, dans le passé, des navires avec équipage (commerciaux ou autres) sur l’eau ont fourni un soutien aux gardes côtières comme navires de passage, la réduction du facteur humain sur l’eau associée aux navires autonomes présente des risques et des pressions en matière de sécurité pour les gardes côtières qui doivent être en mesure d’intervenir plus rapidement et plus loin au large des côtes.

Les projets d’énergie renouvelable tels que les parcs éoliens extracôtiers sont de plus en plus courants dans la région de l’Atlantique Nord. Ils ont le potentiel de générer de grandes quantités d’énergie propre et renouvelable, réduisant ainsi les émissions mondiales. Cependant, les parcs éoliens extracôtiers créent également de nombreux défis pour les opérations des gardes côtières, telles que de nouvelles possibilités de contrebande et de trafic de drogues illégales, nécessitant une surveillance accrue. Les capteurs installés autour des parcs éoliens sont connus pour perturber les opérations militaires. Les générateurs éoliens, principalement en acier, peuvent causer des interférences avec le radar des navires, un instrument essentiel pour la navigation maritime.

De plus, les parcs éoliens extracôtiers peuvent créer des risques pour la sécurité de la navigation, en particulier si les installations sont construites sur des voies de navigation habituelles ou à proximité de celles-ci. Les gardes côtières peuvent être appelées à intervenir lorsque des navires ont été endommagés en frappant des éoliennes. Mener des missions de recherche et sauvetage et d’intervention environnementale dans des parcs éoliens extracôtiers et à proximité pose de nouveaux risques pour la navigation des navires des gardes côtières, nécessitant une formation supplémentaire pour le personnel. De plus, les parcs éoliens extracôtiers, s’ils sont ciblés par des cyberattaques, pourraient perdre la connexion des turbines avec les satellites et faire face à des perturbations ou à des menaces qui pourraient entraîner des arrêts. Ces interférences par satellite et autres interférences techniques peuvent avoir une incidence sur les systèmes de surveillance du trafic maritime dont les gardes côtières dépendent pour exploiter et fournir des services essentiels.

Lorsque des technologies novatrices comme celles susmentionnées sont adoptées par l’industrie, les gardes côtières sont appelées à réagir à de nouveaux types de dangers, souvent avec des cadres réglementaires désuets qui n’ont pas suivi le rythme de la mise en œuvre des initiatives de résilience. Il peut également y avoir des divergences entre la législation et les initiatives de résilience qui créent des défis supplémentaires pour les opérations des gardes côtières, telles que celles associées à la mise en œuvre de la législation sur la réduction des émissions (par exemple, la directive sur le soufre de l’Union européenneNote de bas de page 6).

Pour intervenir dans ce nouvel environnement opérationnel, il faudra réviser les règlements et mettre à jour la formation, les outils, les partenariats et les exercices. La pression sur les capacités de formation et d’exercice sera également mise à rude épreuve par des exigences accrues en matière de protection de la biodiversité. Cependant, des technologies prometteuses, comme les véhicules aériens sans pilote (UAV), permettront aux gardes côtières d’assurer une surveillance et d’opérer de manière plus efficaceNote de bas de page 7. Les outils de prise de décision utilisant l’intelligence artificielle présentent des occasions pour l’optimisation des itinéraires, la surveillance et l’application de la loi, l’entretien prédictif des navires, les prévisions météorologiques maritimes, etc., mais présentent également des défis à mesure que le développement de l’intelligence artificielle dépasse les cadres réglementaires.

Bien que les technologies plus propres et les initiatives de résilience créeront de nouveaux défis pour les opérations des gardes côtières, il sera essentiel de s’adapter à ces nouvelles réalités pour soutenir un mouvement mondial vers la durabilité.

L’appel à écologiser les opérations des gardes côtières

À mesure que les gouvernements du monde entier mettront en place des mesures pour atténuer les changements climatiques et réduire les émissions de GES, de nombreuses organisations de garde côtière devront faire de même. Cela nécessitera un équilibre délicat entre l’adoption de technologies modernes, y compris de nouveaux systèmes de propulsion à bord des navires, et la nécessité de continuer à fournir des services essentiels sur l’eau, dont beaucoup consomment actuellement une grande quantité de carburant.

Pour faire avancer la décarbonisation des opérations, le carburant à faible teneur en carbone (CFTC) est envisagé et, dans certains cas, est déjà testé et utilisé par les gardes côtières de l’Atlantique Nord. Pour en garantir la fiabilité et le rendement, il faut tester et valider les CFTC dans divers scénarios d’exploitation avant de les adopter à grande échelleNote de bas de page 8. Dans certains cas, les CFTC peuvent ne pas fonctionner aussi efficacement que les carburants traditionnels et nécessiter des adaptations des machines pour tenir compte des différences fonctionnelles, tandis que dans d’autres cas, ces carburants se sont avérés offrir un rendement équivalent. Par exemple, des essais ont montré que les mélanges de biocarburants ne peuvent pas fonctionner aussi efficacement par temps froid, tandis que d’autres essais ont démontré que l’HVO 100 (huile végétale hydrotraitée, une forme de diesel renouvelable) fonctionne de la même façon que le carburant diesel traditionnel et peut fonctionner dans des conditions inférieures à zéro sans qu’il soit nécessaire de modifier la machinerie du navireNote de bas de page 9. La compréhension des différences entre les CFTC et les carburants traditionnels constitue un élément essentiel de l’adoption plus répandue des CFTC.

Il est important de noter que le transport de carburants de remplacement tels que l’hydrogène vert augmente des risques précis dans les environnements portuaires, ce qui rend nécessaire dans certains cas d’assurer des lieux d’amarrage suffisant dans les avant-ports. D’autres considérations relatives aux carburants de remplacement comprennent la disponibilité du carburant et les émissions du cycle de vie complet des carburants (y compris les émissions créées par la production de carburant), la densité énergétique du carburant, les changements dans la capacité opérationnelle et le risque de défaillance ou de sécurité (par exemple, si un navire électrique court-circuite ou prend feu).

Malgré les défis potentiels, les gardes côtières se penchent déjà vers l’avant et utilisent ces options de réduction des émissions, lorsque cela est possible sur le plan opérationnel, pour prendre des mesures progressives en vue de réduire les émissions. Les gardes côtières devraient continuer de communiquer les leçons apprises sur l’opérabilité des différents combustibles dans leur environnement afin d’accélérer l’adoption des CFTC les plus efficaces et de contribuer à la conception des futurs navires. L’électrification des navires et l’hybridation peuvent également être mises à l’essai dans l’environnement d’exploitation unique de chaque garde côtière, et bien qu’il ne soit pas possible à court terme de passer à l’électrification complète, l’utilisation d’un véhicule hybride peut constituer un pas en avant.

La planification et l’analyse stratégiques, les technologies spatialesNote de bas de page 10 et les UAV constituent tous des moyens de cibler l’utilisation des actifs pour rendre les opérations plus efficaces et réduire les émissions des actifs existants. Les technologies spatiales et les UAV peuvent renforcer les capacités de surveillance de la migration illégale, du trafic de drogue et de l’application de la législation sur les pêches. Ils peuvent également détecter les débris et les déversements de pétrole à grande distance pour concentrer les missions de recherche et de sauvetage ainsi que les missions d’intervention environnementale. L’intégration de technologies novatrices exige le développement de nouveaux processus, la formation et les investissements pour devenir opérationnelle; et, dans le cas des UAV, des risques associés à la cybersécurité doivent être pris en compte.

Les trois sections ci-dessus décrivent les défis actuels liés au climat auxquels les gardes côtières de l’Atlantique Nord sont confrontées. Ensuite, nous explorerons des pistes de solutions.

Trouver des solutions : Domaines à explorer

En réponse aux défis climatiques décrits ci-dessus, les pays membres du NACGF ont déjà innové et exploré des solutions. Ce document thématique offre l’occasion de communiquer des solutions et des pratiques exemplaires entre nos organisations. Les quatre piliers suivants ont été définis lors de la réunion des experts du NACGF tenue en avril 2023 comme des domaines à explorer : planification de la résilience; formation, exercices et partenariats; décarbonisation; innovation.

Planification de la résilience

De nombreuses gardes côtières mettent en œuvre des plans pour organiser leurs efforts de résilience climatique. La résilience climatique fait référence à la capacité d’une organisation à se préparer et à réagir aux dangers qui découlent des effets directs et indirects des changements climatiques, et à les anticiper. La planification de la résilience climatique peut comprendre la désignation des vulnérabilités et des lacunes dans les connaissances d’une organisation, le recensement et l’amélioration des forces, et l’élaboration d’une série de mesures ou d’activités pour permettre à l’organisation de se remettre rapidement des facteurs de stress liés aux changements climatiques.

L’élaboration d’un échéancier ou de phases pour la planification de la résilience représente un moyen efficace de s’assurer de la pertinence des mécanismes de planification sur le plan contextuel et temporel. Par exemple, dans la Feuille de route pour la résilience aux changements climatiques de la Garde côtière canadienne, des mesures d’adaptation et d’atténuation sont définies à court, moyen et long terme, au cours des prochaines décennies jusqu’en 2050. Cette approche permet d’accélérer les efforts de résilience tout en respectant les engagements nationaux et internationaux pertinents.

L’une des composantes les plus importantes de la planification de la résilience consiste à effectuer des évaluations de la vulnérabilité ou des risques. Ces évaluations peuvent inclure l’infrastructure et les actifs, en plus d’évaluer les vulnérabilités dans les processus, les fonctions et les opérations. Par exemple, dans son Climate Framework (2023), la Garde côtière des États-Unis a déterminé que les évaluations exhaustives des risques liés aux infrastructures constituent une « mesure prioritaire » pour protéger et renforcer les installations qui présentent un risque élevé de subir des répercussions climatiques.

Une fois que les risques et les vulnérabilités ont été déterminés, les plans de résilience devraient évaluer les solutions et aller de l’avant. Par exemple, pour les infrastructures côtières vulnérables, des mesures de protection fondées sur la nature, comme des récifs artificiels et des rivages vivantsNote de bas de page 11, peuvent être explorées pour être mises en œuvre le long des côtes afin de prévenir l’érosion des berges. Pour les zones touchées par l’élévation du niveau de la mer, des projets de stabilisation tels que des dunes, des rivages vivants et des projets de végétalisation peuvent être étudiés en fonction de la région géographique.

L’Agence des services maritimes et côtiers de la Belgique, en Flandre, a élaboré un plan directeur pour la sécurité côtière afin de protéger les populations côtières des ondes de tempête et de l’élévation du niveau de la mer, qui comprend l’élévation des plages, des digues et des remblais ainsi que la construction d’une digue artificielle. Elle envisage également une forte élévation du niveau de la mer dans le cadre du projet de vision côtière. Ce projet vise à trouver des solutions à des problèmes complexes, par exemple en combinant la meilleure protection possible contre les inondations tout en assurant davantage l’accessibilité des ports côtiers, par exemple en installant plus d’écluses ou de barrières contre les ondes de tempête. En raison de son caractère global, le projet explore également de nouvelles possibilités dans les domaines des loisirs et de l’écologie.

La planification de la résilience peut également inclure l’attribution de la propriété et de la responsabilité à des parties au sein de l’organisation afin de garantir la mise en œuvre des mesures de résilience. Dans le Climate Framework de la Garde côtière des États-Unis, des mesures prioritaires sont définies et attribuées aux bureaux responsables et aux bureaux de soutien, et ces bureaux sont chargés d’élaborer et d’exécuter des plans pour mener à bien les mesures prioritaires.

Au-delà de ce qui a été illustré ci-dessus, la planification de la résilience peut prendre de nombreuses formes différentes, selon la structure de chaque organisation de la garde côtière et le rôle de cette dernière dans son pays respectif.

Formation, exercices et partenariats

Le deuxième domaine à explorer pour trouver des solutions aux changements climatiques est celui de la formation, des exercices et des partenariats. La lutte contre les changements climatiques ne peut se faire de manière indépendante. Il faudra modifier la façon dont les membres du personnel fonctionnent et interagissent les uns avec les autres et avec les partenaires, y compris les alliés internationaux, les divers ordres de gouvernement, les organismes bénévoles, ainsi que les collectivités côtières et autochtones. À la lumière de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (2007), les gardes côtières doivent également tenir compte de la façon dont leurs pays respectifs mettent en œuvre la Déclaration. Les peuples autochtones, bien qu’ils soient souvent touchés de façon disproportionnée par les changements climatiques, peuvent également transmettre des connaissances précieuses permettant de comprendre et de restaurer les environnements marins vulnérables. La Garde côtière canadienne élabore actuellement des recommandations pour offrir un continuum de soutien aux apprenants autochtones (CSAA). Ce dernier a pour but d’aider le Collège de la Garde côtière canadienne (dans les domaines de la recherche et du sauvetage, de la certification maritime réglementaire et de l’intervention en cas de dangers vis-à-vis de l’environnement marin) à fournir aux collectivités autochtones et côtières la formation nécessaire pour renforcer leur capacité d’intervention maritime.

La formation et le maintien en poste d’une main-d’œuvre bien informée sur le climat sont essentiels à la préparation aux changements climatiques, et certaines gardes côtières commencent à intégrer ces éléments dans les processus réguliers de gestion des talents. La Garde côtière des États-Unis, par exemple, est en train de former et de préparer un « effectif qui assume son rôle essentiel dans la lutte contre les effets des changements climatiques. » [traduction libre]Note de bas de page 12

La formation sur la façon de travailler dans des conditions changeantes est importante pour s’assurer que le personnel peut accomplir ses tâches quotidiennes, qu’il s’agisse de répondre à des activités de pêche illégales, non réglementées et non déclarées dans des zones géographiques changeantes, ou de mener des activités d’intervention environnementale avec de nouveaux types de combustible. La Garde côtière suédoise, qui a mis en place un cours de formation pour tous les employés afin de fournir des connaissances de base sur les problèmes environnementaux, les changements climatiques et la législation suédoise pertinente, en est un bon exemple. La Garde côtière suédoise évalue également tous les exercices en utilisant la méthodologie d’analyse après action (AAA)Note de bas de page 13 pour améliorer ses méthodes et son enseignement. Elle met également en œuvre un cours de transport maritime écologique sur la décarbonisation, destiné à éduquer les apprenants sur la façon dont les changements d’itinéraires ou de vitesse peuvent produire un effet sur les émissions de carbone. En plus de la formation et du recrutement, le renforcement de la capacité de dotation en personnel de pointe entre les gardes côtières et leurs partenaires nationaux compétents augmente la capacité d’une organisation à intervenir en cas d’incidents à grande échelle ou de saisons achalandées.

Compte tenu de l’augmentation prévue de l’ampleur et de la fréquence des événements météorologiques majeurs liés aux changements climatiques et de l’expansion des eaux navigables dans l’Arctique, les gardes côtières devraient s’attendre à un besoin accru de formation spécialisée pour mieux réagir aux incidents. Pour aider les cadres supérieurs à prendre des décisions éclairées, la Garde côtière canadienne a élaboré un plan national de formation opérationnelle qui prévoit les besoins de formation opérationnelle dans ses diverses régions directement auprès des intervenants internes. Par conséquent, l’organisation contribue à renforcer la capacité de formation et la préparation opérationnelle en veillant à ce que le Collège de la Garde côtière canadienne planifie ses cours en conséquence et en établissant des méthodes d’approvisionnement adéquates avec les établissements de formation externes.

Certains membres du NACGF, comme les États-Unis et le Canada, utilisent une méthodologie hiérarchique normalisée de gestion des incidents, le Système de commandement des interventions (SCI)Note de bas de page 14, pour les incidents de pollution marine tous risques. Une méthodologie généralisée assure la cohérence et élimine la confusion dans la réponse aux incidents et facilite la collaboration lors d’incidents transfrontaliers lorsque deux pays partenaires utilisent le même système. L’utilité du programme du SCI a été prouvée au Canada en 2021, lorsqu’un porte-conteneurs, le Zim Kingston, a pris feu après avoir été exposé à une grosse tempête alors qu’il fonctionnait au ralenti au large. Lorsque le poste de commandement du lieu d’incidentNote de bas de page 15 a été mis sur pied, la Garde côtière canadienne a collaboré avec des partenaires autochtones, des collectivités locales, d’autres ordres de gouvernement et d’autres ministères fédéraux pour répondre à l’incident, afin d’assurer une intervention harmonisée.

La création de nouveaux partenariats et le renforcement des partenariats existants constituent une autre mesure cruciale que les gardes côtières peuvent prendre pour appuyer une intervention soutenue en cas d’incident majeur. Par exemple, pour faire face aux risques accrus liés aux infrastructures en mer, comme les parcs éoliens extracôtiers, l’Agence des services maritimes et côtiers de la Belgique dirige l’élaboration d’un accord de partenariat avec d’autres gardes côtières pour acquérir un navire remorqueur d’urgence prêt en permanence à intervenir en cas de collision avec un navire. Les partenariats communautaires (par exemple, les volontaires de recherche et de sauvetage ou les organisations auxiliaires) peuvent apporter une connaissance locale des régions géographiques et augmenter la capacité de réaction en cas d’incident.

De nombreux pays membres du NACGF déploient des efforts pour améliorer la collaboration et la coopération avec leurs partenaires interorganisationnels. Les pays ont également établi des partenariats officiels par l’intermédiaire d’organisations internationales et d’accords internationaux, notamment l’Accord de Bonn, l’Accord de Copenhague et la Commission d’Helsinki. Ces partenariats peuvent soutenir le développement de formations conjointes, par exemple, élaborer un programme de formation à l’intention de toutes les gardes côtières pour aider les inspecteurs des pêches à tirer le maximum de toutes les applications de technologie de l’information et des communications qui ont trait à la surveillance des activités de pêche en mer.

Il sera impératif de continuer à former le personnel à répondre aux effets des changements climatiques et d’élargir les partenariats nationaux et internationaux pour que les gardes côtières de l’Atlantique Nord puissent relever les défis découlant des changements climatiques tout en opérant avec des moyens et un personnel limités.

Décarbonisation

En réponse aux engagements nationaux et internationaux, de nombreux pays prennent des mesures pour décarboniser. Comme les navires des gardes côtières ont tendance à être d’importants émetteurs de GES, les organisations prennent des mesures pour réduire les émissions de diverses façons.

De nouveaux systèmes de propulsion et des carburants moins polluants représentent deux façons de relever ce défi. Par exemple, la Garde côtière suédoise hybride ses plus grands navires, tout en testant de nouveaux carburants pour certaines classes de navires. La Garde frontalière de Finlande exploite déjà le Turva, un grand navire de patrouille océanique alimenté par des moteurs bicarburant capables de brûler à la fois du carburant diesel et du gaz naturel liquéfié. La Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l'aquaculture (DGAMPA) de la France construit des navires à propulsion mixte mécanique-éolienne. La Garde côtière canadienne effectue des essais avec du biodiesel (y compris des mélanges de biodiesel allant jusqu’à 100 %) et des essais avec du diesel renouvelable sur plusieurs navires afin de confirmer la viabilité de ces carburants pour ses opérations. La Garde côtière canadienne élabore également un plan de décarbonisation du parc de véhicules opérationnels, dont l’objectif est de tendre vers des émissions nettes nulles, sous réserve des contraintes liées à la technologie actuelle, aux chaînes d’approvisionnement et aux exigences opérationnelles. De même, la Garde côtière suédoise a élaboré un plan de mise en œuvre 2021-2025 pour atteindre l’objectif national de la Suède de posséder une flotte sans combustibles fossiles d’ici 2045.

Les gardes côtières peuvent également réduire leurs émissions de GES en améliorant l’utilisation de leurs actifs et en hiérarchisant leurs missions. Par exemple, grâce à une meilleure planification des itinéraires, les gardes côtières peuvent choisir les voies qui génèrent le moins d’émissions pour arriver à destination. En combinant une meilleure planification des itinéraires avec la conception ou le réaménagement des navires pour les rendre modulaires, il est possible pour les navires d’effectuer plus de fonctions sur les mêmes navires, maximisant ainsi les opérations tout en réduisant le temps de déplacement et les émissions.

Pour réussir à décarboniser les activités, les gardes côtières devront collaborer avec les fournisseurs, les ports, l’industrie et d’autres intervenants afin de moderniser les infrastructures côtières. Cela comprend la mise à disposition de combustibles verts à des points stratégiques le long des corridors de transport maritime et la mise en place d’une infrastructure de recharge suffisante pour les navires hybrides et électriques. Cela nécessitera une collaboration à l’échelle de l’ensemble de l’écosystème du transport maritime pour assurer l’harmonisation entre les exigences des navires et l’infrastructure à terre (par exemple, jumeler les exigences en carburant vert du navire à la bonne source de carburant), et l’accessibilité pour les navires commerciaux et des gardes côtières afin de permettre à tous les exploitants maritimes de progresser vers la décarbonisation.

Les gardes côtières examinent les coûts associés à la résilience de la flotte. Par exemple, l’Agence des services maritimes et côtiers de la Belgique a élaboré un plan d’investissement stratégique visant à accélérer les investissements pour la construction de nouveaux navires et la modernisation de navires existants, y compris les investissements dans l’électrification des navires, l’utilisation de bicarburation, et l’utilisation de sources d’énergie renouvelable comme l’hydrogène.

La décarbonisation est un processus nécessaire que les gardes côtières devront entreprendre au cours des prochaines années pour atteindre les objectifs en matière d’émissions. La transmission d’information sur la manière d’y arriver la plus efficace possible permettra aux membres du NACGF de s’appuyer sur les réussites de chacun et nous permettra à tous de progresser plus rapidement vers un avenir moins pollué.

Innovation

La planification de la résilience, la formation et les partenariats, ainsi que la décarbonisation sont tous essentiels pour relever le défi du changement climatique, mais face aux nouvelles menaces, le développement de solutions innovantes représente peut-être la tâche la plus importante.

Les gardes côtières innovent dans divers domaines, notamment en élaborant de nouveaux outils qui peuvent améliorer la connaissance du domaine maritime, appuyer la surveillance des aires marines protégées et appuyer la surveillance de la migration illégale et des activités de pêche. Par exemple, la Garde côtière canadienne travaille à plusieurs initiatives visant à renforcer la capacité de renseignement, de surveillance et de reconnaissance de l’organisation, tout en veillant à ce que ces initiatives soient plus écologiques et plus respectueuses de l’environnement que les pratiques opérationnelles traditionnelles. Cela comprend l’essai et l’évaluation d’une gamme d’UAV. De même, la Direction générale des affaires maritimes française utilise des UAV pour détecter la pollution de l’air et développe des outils et des logiciels d’évitement des collisions automatisés pour évaluer l’efficacité des mesures de gestion du transport maritime. La Garde côtière suédoise a récemment terminé une étude de faisabilité et lancé des projets concernant les UAV, notamment l’envoi de drones pour assurer le contrôle et la surveillance de l’environnement ainsi que des opérations de recherche et de sauvetage. La Belgique souhaite étudier la faisabilité des UAV pour la recherche et le sauvetage, l’inspection d’installations en mer et les mesures topographiques, et étudie cette mise en œuvre au niveau national et international.

Pour limiter certains des défis associés aux drones traditionnels, de petits zeppelins sont déjà utilisés par certaines gardes côtières à des fins de surveillance.

 Les zeppelins remplis d’hélium peuvent se déplacer aussi vite que les navires qu’ils observent et n’ont besoin d’aucune source d’énergie pour rester en vol, ce qui signifie qu’il n’y a pratiquement aucune limite de temps de vol et que la batterie n’est nécessaire que pour la propulsion horizontale et le fonctionnement aux instruments.

Plus récemment, la Garde côtière canadienne a appuyé l’élaboration d’un prototype de système d’observation de la Terre pour la surveillance en temps réel de la pollution marine, de l’état des glaces et des écosystèmes côtiers, qui sont tous touchés par les changements climatiques. Ces outils peuvent également contribuer à la protection des mammifères marins et d’autres espèces aquatiques. La Direction générale des affaires maritimes française travaille sur une série d’autres projets innovants : déployer des bouées pour surveiller le bruit sous-marin; modifier les opérations des navires pour réduire la vitesse; mettre en place des épurateurs-laveurs pour limiter la pollution atmosphérique; améliorer les coques et les hélices; surveiller ses propres émissions polluantes.

Le passage vers la numérisation des opérations des gardes côtières est fortement influencé par les changements climatiques. Le besoin accru de fonctionner dans des conditions extrêmes a accéléré la numérisation de l’ensemble des fonctions des gardes côtières. Par exemple, la navigation électronique (ou les aides électroniques à la navigation) est une technologie prometteuse qui peut améliorer l’efficacité, réduire les émissions de GES et accroître la résilience climatique des systèmes de navigation maritime, en particulier après des événements extrêmesNote de bas de page 16. Un exemple de l’utilité des aides électroniques à la navigation a été observé sur la côte atlantique des États-Unis après l’ouragan Ian en septembre 2022. Bien que l’ouragan ait provoqué des anomalies dans plus de 467 aides à la navigation, tous les grands ports ont pu rouvrir en 48 heures ou moins après le passage de l’ouragan grâce à l’activation des aides électroniques à la navigation. Les gardes côtières peuvent également mettre en œuvre des systèmes tels que le positionnement dynamique pour limiter les collisions avec des obstacles dans l’eau, tels que les parcs éoliens extracôtiers.

D’autres gardes côtières reconnaissent également l’importance de solutions numériques novatrices pour améliorer l’opérabilité. Par exemple, la Belgique soutient et met en œuvre la navigation électronique et le réseau de guichet unique maritime, une plateforme de collaboration de données public-privé qui permet une orchestration et une optimisation des processus commerciaux entre les organisations impliquées dans l’arrivée, le séjour et le départ des navires dans les ports par une soumission unique de données normalisées et harmonisées. La Garde côtière belge travaille également au déploiement d’un réseau 5G dans la mer du Nord et modernise actuellement l’ensemble de son système de commandement en cas d’incident, ce qui permettra la numérisation des procédures opérationnelles de son centre de coordination du sauvetage en mer.

Les contrôles des pêches évoluent également de plus en plus vers un processus informatisé dans lequel les inspections en mer ne représentent déjà qu’une petite partie de la portée de toutes les activités de contrôle des pêches menées par les centres de surveillance des pêches. Cette évolution devrait se poursuivre à l’avenir, ce qui signifie qu’il faudra moins compter sur les contrôles physiques en mer pour faire appliquer la réglementation.

Les solutions de transport maritime qui réduisent les émissions et les effets néfastes sur l’environnement sont de plus en plus répandues. Compte tenu de la volonté mondiale de réduire les émissions du transport maritime grâce à des initiatives comme le Défi du transport maritime écologiqueNote de bas de page 17, des corridors de navigation écologiques (itinéraires de navigation réservés qui proposent l’infrastructure et les mesures stratégiques nécessaires pour soutenir le transport maritime zéro émission) sont envisagés partout dans le monde. Par exemple, au Canada, le Cadre canadien sur les corridors maritimes verts fournit des conseils pour la mise en œuvre de corridors de transport maritime écologiques. Le Cadre appuie également les mesures visant à créer ou à réaménager des infrastructures pour accueillir des navires zéro émission (par exemple, l’électrification).

L’Agence des services maritimes et côtiers de la Belgique soutient également des initiatives visant à réduire les émissions des navires, en tant que partenaire du programme de transport maritimeNote de bas de page 18 pour les voies navigables en Flandre et dans la mer du Nord. Elle mène actuellement plusieurs projets d’essai dans le domaine du transport maritime autonome et du convoyage intelligent. Bien que le transport maritime intelligent ne se limite pas à la navigation autonome, l’Agence examine également des sous-aspects comme la technologie radar, l’utilisation optimale du carburant, le balisage dynamique et les outils de soutien pour la recherche et le sauvetage, ainsi que le pilotage.

En tant qu’intervenantes influentes dans l’environnement maritime, les gardes côtières devront décider quand elles doivent être des cheffes de file et quand elles doivent permettre aux autres de diriger le changement. L’espace d’innovation maritime se développe rapidement, ce qui signifie que les gardes côtières devront prendre de nouveaux risques tout en accélérant l’adoption de technologies novatrices pour assurer la prestation continue des services. La mise en œuvre complète de bon nombre des solutions novatrices décrites ici nécessitera l’appui de l’industrie et de la communauté internationale pour assurer leur adoption efficace.

Conclusion

Dans le présent document, les défis liés aux changements climatiques ont été répartis en trois sections : les effets des changements climatiques, les effets secondaires des initiatives de résilience et de protection de l’environnement, et l’appel à la résilience des gardes côtières. Bien que ces pièces du casse-tête climatique puissent être intimidantes et qu’il faille déployer des efforts particuliers pour s’y attaquer, les gardes côtières de l’Atlantique Nord font déjà des progrès importants pour trouver des solutions. Ce document présente des exemples et des pratiques exemplaires pour lutter contre les changements climatiques en fonction de quatre piliers : la planification de la résilience, la formation, l’exercice et les partenariats, la décarbonisation et l’innovation. D’autres domaines à explorer continueront à se présenter à mesure de l’évolution de ce travail.

Ce document a fourni de nombreux exemples de la manière dont les gardes côtières répondent au défi du changement climatique. Toutefois, la mise en œuvre des exemples présentés ici par chaque membre du NACGF dépend de la faisabilité opérationnelle, de la géographie, des priorités, etc. Comme prochaine étape, les membres du NACGF pourraient déterminer les pratiques exemplaires énoncées dans le présent document qui peuvent être mises en pratique dans leur propre organisation, et ils sont encouragés à collaborer avec d’autres membres du NACGF pour obtenir plus de renseignements sur la mise en œuvre de ces exemples.

Les changements climatiques ne peuvent être traités par un seul pays. Tous les groupes de travail du NACGF sont touchés par les changements climatiques et continueront de l’être au cours des prochaines décennies. À mesure que nous progresserons, les discussions du NACGF profiteront de l’application d’une optique climatique et de l’intégration des thèmes de la durabilité, de l’adaptation et de la résilience dans les futurs travaux de collaboration. Les gardes côtières doivent continuer de communiquer leurs constatations sur la meilleure façon de relever les défis communs, afin que nous puissions avancer ensemble vers un avenir plus stable et plus sûr.

Ouvrages cités

Annexe

Le Canada tient à remercier tous les membres du NACGF qui ont contribué à l’élaboration de ce document lors de la réunion d’experts de 2023 tenue à Turku, en Finlande. Des versions de travail de ce document ont été soumises à tous les membres du NACGF pour examen à plusieurs reprises au cours de l’année 2023. Des contributions précises ont été apportées par la Belgique, le Canada, la Finlande, la France, la Suède et les États-Unis.

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